VOIR HISTORIQUE sur Antoine Fontanilhes
Négociant Bordeaux et Toulouse Destinataire de la lettre
DESCRIPTION
ANNEE 1783
FORMAT in quarto
FEUILLE DOUBLE
LETTRE COMPLETE ET SIGNEE
AVEC COMPTE DE VENTE
TRANSPORT PAR BARQUE
EXPEDITION ORANGE ET CITRON PAR BATEAU DE NICE
ET PAR BARQUE POUR TOULOUSE
MARQUE POSTALE AGDE
ET TAXATION MANUSCRITE DE L ACHEMINEMENT DU PLI depuis Agde jusqu’à BORDEAUX
DOCUMENT EN BONNE CONDITION ET TRES FRAIS
COMPTE DE VENTE TRES DETAILLE
SUR L ACHEMINEMENT DES MARCHANDISES
+ TEXT INTERESSAANT
« On crois encore à la paix mais riend e certian suir cet événement.../... »
Voir Guerre d'indépendance des États-Unis
ET AUSSI
« les propriétaires des denrées des iles sont dans une position facheuse ../... »
ET AUSSI
« ../… il s’est perdu la semaine d.re sur notre plage un batiment espagnol chargé de 180 pipes vin destinée pour Cette [ sète] .../... »
ETC
VOIR SCANS
VOIR HISTORIQUE SUR FONTANILHE
HISTORIQUE
SOURCES
https://belcikowski.org/publications/?p=3105
EXTRAIT
Dans les années 1750, Antoine Fontanilhes, qui travaille en synergie avec Anne Toursier, sa mère, vend indifférement du pastel 7, des poissons, des huiles, des savons, des agrumes, des produits coloniaux, etc 8. Il raffine également le sucre 9 et exerce la Ferme des verreries de Saint-Macaire et de la Magine 10.
Antoine Fontanilles est, par ailleurs, Grand Vénérable de la loge toulousaine de Saint Jean de Jérusalem, et il propage dans cette loge, qui réunit nombre de ses pairs, les idées des Physiocrates, dont l’essentiel consiste en la critique de l’excès de réglementation et, par suite, en l’apologie du « Laisser faire, laisser passer ».
L’importance de son activité commerciale et l’attractivité des idées qu’il défend, valent à Antoine Fontanilhes d’entrer à la Bourse toulousaine des marchands et d’y jouer à partir de 1750 un rôle éminent. La Bourse du commerce de Toulouse a son siège, depuis le début du XVIIe siècle, dans un hôtel bâti sur l’emplacement d’un édifice qualifié de capella Hugolesii, au n° 19 actuel de la place de la Bourse. Il s’agit de l’ancien hôtel de Bastard, situé à l’angle de la rue de la Bourse et de la rue Temponières. Celui-ci a été reconstruit dans les années 1830 par les architectes Jean Antoine Raynaud et Jean Noël Bonnal.
C’est là en tout cas que, dès 1742, Antoine Fontanilhes se fait le porte-parole des plaintes formulées par les négociants de Toulouse contre les Fermiers du droit de leude exigé sur le canal royal (ou canal des Deux Mers, plus connu aujourd’hui sous le nom de canal du Midi) 11.
On désigne alors en Languedoc, sous le nom de leude, la taxe relative à toutes les marchandises qui entrent ou sortent d’une ville autrement qu’à l’initiative d’un habitant de cette dernière. La leude qui frappe les marchandises véhiculées par voie d’eau suscite à partir de l’ouverture du canal des Deux Mers, de fortes contestations. La contestation émane d’abord des seigneurs riverains qui cessent de percevoir nativement la leude, au profit de la Ferme nouvellement créée à cet effet, laquelle Ferme destine – en principe – l’essentiel de la dite leude à l’entretien et à l’amélioration du canal. La contestation émane ensuite des marchands qui se plaignent du renchérissement incontrôlé de la leude, auquel s’adonnent certains Fermiers. De façon plus générale, ces marchands sont hostiles aux multiples droits qui grèvent la circulation des marchandises dans le royaume, et ils demandent même l’abolition des douanes intérieures. Le 18 novembre 1850, leur plainte fait l’objet d’une délibération des Etats du Languedoc, en séance plénière :
Objet de la séance. « Sur diverses plaintes portées a cette assamblee par plusieurs marchandz et au(tr)es des vexa(ti)ons et concussions que le fermier de la foraine et ses commis exercent dans l’estandue de lad. ferme, ouy le sieur de Villeneufve, scindic general, a esté arresté que tout presentemant on recoura a la cour des comptes, aydes et finances de Montpelier devant laquelle, a la requeste de Monsieur le procureur general en icelle ou du scindic general, sera informé contre led. fermier et ses commis desd. vexa(ti)ons et concussions, pour raison de quoy led. scindic faira incessammant touttes poursuittes necessaires aux fraix et despans de la province. » 12
Antoine Fontanilhes partage avec sa mère des parts de barques du canal des Deux Mers et il fait circuler sur le canal, dans ces barques, un grand nombre de marchandises. Il se trouve donc impliqué au premier chef la contestation de la susdite leude. Il s’ emploiera sans relâche à réclamer la suppression de cette dernière.
Le 12 novembre 1751, à la Bourse des marchands de Toulouse, l’assemblée nomme M. Fontanilhes syndic dans l’affaire de la leude, en remplacement de M. Caranave décédé ; elle le charge de faire opposition aux « droits exigés sur les marchandises qui, venant par la Garonne, entrent dans le canal, et celles qui, venant par le canal, descendent dans la Garonne, quoi-qu’elles passent debout [transbordées par voie de terre] sur le canal » 13. Suite à quoi, dans le même mois, « en tant que syndic des marchands commissionnaires de la ville de Toulouse », Antoine Fontanilhes adresse à l’intendant, comme président de la chambre de commerce de Bordeaux, un mémoire « contre la perception d’un droit de leude établi sur le canal des Deux-Mers, qui affecte aussi bien les intérêts de la Guyenne que ceux du Languedoc » 14. Le 28 décembre de la même année, à la Bourse toulousaine des marchands, M. Negret est élu consul ; M. Cazalbon, premier consul ; M. Fontanilhes, second consul 15.
Antoine Fontanilhes se montre par la suite pointilleux et pugnace dans la défense des intérêts de ses collègues marchands. Un exemple :
1753. 6 février. « M. Fontanilhes, ancien consul 16, autorisé par le Prieur, expose à l’assemblée que le greffier et lui sont poursuivis par M. Laforest, receveur du Domaine, pour avoir procédé, conformément aux ordonnances de la juridiction des 3 et 6 mai 1752, à l’apposition des scellés et à l’inventaire des livres, valeurs et marchandises dépendant d’une Société verbale 17, dissoute à la suite du décès de l’un des associés.
Le receveur conteste à 1a juridiction consulaire le droit d’ordonner l’apposition des scellés et la faction de l’inventaire, qui n’appartient qu’aux sénéchaux et baillis avec le concours des notaires ; il demande l’interdiction du commissaire et du greffier et la condamnation de chacun à 300 livres ; il prétend que ces deux opérations ont été faites en vertu du testament du défunt, tandis que, au contraire, le commissaire et le greffier de la juridiction ignoraient s’il en existait un, et qu’on n’a agi que sur les requêtes présentées par l’associé survivant, pour sauvegarder les intérêts des créanciers et les siens » 18.
L’énergie qu’il déploie dans sa lutte contre les excès des Fermiers de la leude et contre l’interventionnisme du Domaine, vaut à Antoine Fontanilhes d’être élu, le 28 décembre 1757, premier consul de la Bourse des marchands 19.
Le 12 mai 1772, Antoine Fontanilhes se voit élu commissionnaire pour la répartition de l’impôt sur les marchandises, plus particulièrement sur la soierie 20.
Le 14 janvier 1778, Antoine Fontanilhes est nommé lieutenant dans la compagnie des officiers à cheval chargés de constituer la députation envoyée aux capitouls pour leur faire part des délibératins prises par le corps des marchands. Il porte dans ce cas l’uniforme suivant :
« Habit en camelot écarlate, collet et parements gros bleu, boulons blancs, veste et culottes
blanches ; une épaulette d’argent faux pour les volontaires, un chapeau uni avec un panache, aux quatre couleurs, pour faire la différence des compagnies ; bottes à l’anglaise ; une housse de drap petit lodève gros bleu, avec un galon d’argent faux, de deux pans de large, sans pistolets ; cent flambeaux de cire; chacun se procurera un homme connu pour les porter » 21.
La carrière d’Antoine Fontanilhes, grand négociant, homme des Lumières, connaît dans ce costume de parade, ses derniers feux. La Révolution supprimera la leude le 28 mars 1790, mais elle ruinera par ailleurs le genre de négoce auquel Antoine Fontanilhes s’employait. Celui-ci se retire alors en Ariège, dans sa métairie des Pujols, où il aide son fils Charles à écrire et à publier son Manuel d’agriculture et de ménagerie en l’an II. Il s’agit là toutefois d’une autre histoire, d’une histoire qui se termine de façon tragique.
Je raconte cette histoire, comme indiqué plus haut, dans Sur les chemins de Jean Dabail, d’autres « bandits royaux » – 2. Charles Fontanilhes et dans Aux Pujols, Charles Fontanilhes, auteur d’un Manuel d’agriculture et de ménagerie en l’an II.